♠ CHAPITRE UN ♠
Être jeune c'est bien, mais l'être à trois c'est mieux
2006. Le temps était clair, peu nuageux sur Glasgow, la belle ville écossaise. Dans cette petite banlieue, mais plutôt aisée, vivaient deux sortes de familles : Les sorciers, et le moldus, ceux qui n'ont pas de compétences magiques. Un mélange que les non-sorciers méconnaissaient, évidemment. Tous les sorciers étaient gentils ici, et se mélangeaient aux autres. Et pourtant, c'était toujours à cause des moldus que j'étais puni.
Apparemment, on se plaignait toujours de moi. "Emric est un enfant turbulent", "Emric a des réactions très bizarres", "Emric fait peur aux enfants". Que ce soit les parents, ou les professeurs à l'école moldue où l'on était inscrit pour le moment, ils avaient toujours quelque chose à dire. Mais ils ne pouvaient pas comprendre. Je voulais utiliser la magie tout le temps, ne pas me cacher, être libre de progresser. Nous pouvions le faire dans la maison, ou dans le jardin, mais seulement si nous étions à l'abri des regards, ou si mon père avait pu jeter un sort avant. Ces moldus m'empêchaient de vivre. Certains étaient gentils, mais ça ne changeait rien. Heureusement que j'avais mon frère et ma sœur.
Tobias et Calypso. Les deux personnes avec qui je m'amusais le plus. Il est vrai que j'étais plus proche de mon frère, étant son jumeau, je me sentais plus lié à lui. Mais ma petite sœur était pourtant celle que j'avais envie de protéger, et qui me protégeait aussi en même temps. J'adorais jouer avec eux. Mais malheureusement, ce jour-là, je ne pouvais pas.
Encore puni, pour avoir bousculé un peu violemment un enfant de mon âge. Pour une fois que je voulais jouer avec un objet moldu, une petite balle, le gosse ne voulait même pas me le passer. Donc encore une fois, je me suis fait expédié dans ma chambre, alors qu'il faisait vraiment beau. Mais j'avais déjà neuf ans, et je n'aimais pas me laisser faire ainsi. Je n'y étais que depuis quinze minutes, mais je planifiais déjà de m'en aller.
Mon père n'était pas à la maison, pas encore. Être Ministre de la Justice, ce n'est pas de tout repos, donc il n'était que très rarement à la maison en pleine journée. Ma mère était quelque part dans les parages, mais peut-être juste dans le jardin. C'était l'occasion de ressortir pour jouer, surtout que Tobias et Calypso n'étaient pas enfermés, eux. Après quelques dernières minutes de réflexion, je sortis donc de la chambre, sans faire de bruit, en prenant bien le soin de surveiller à chaque coin, près de chaque porte, qu'il n'y avait personne. Je dis par chance que ma mère était dans le jardin, je pus donc sortir sans problème. Devant la porte d'entrée, mon frère et ma sœur, un peu étonnés, mais ils savaient aussi de quoi j'étais capable.
« Déjà sorti Emric ? Si maman te voit ça va mal aller. »
« T'inquiètes pas, elle est occupée dans le jardin. »
« Non, retourne dans ta chambre, elle va arriver bientôt ! »
Et oui, ma petite sœur n'avait pas souvent tord. Deux secondes à peine plus tard, ma mère arriva, et cria mon prénom en me voyant. Cette réaction était prévisible, certes, et je ne fus même pas étonné, même si sa voix me fit un peu sursauté. Malgré tout, même si à cet âge jeune je me rebellais déjà, je respectais un peu ma chère mère. Je la voyais, prête à me crier dessus pour mon insolence, et je sentais déjà que ça allait faire mal. Mais avant qu'elle puisse dire quoique ce soit, Calypso s'avança devant moi.
« Non maman, ce n'est pas ce que tu crois. Tobias s'était fait mal, alors j'ai appelé Emric pour qu'il vienne, comme tu ne venais pas, tu n'as pas dû entendre. »
Elle avait beau n'avoir que huit ans, elle était déjà très maline. Derrière, Tobias prit discrètement une pierre pour s'écorcher la jambe, que très légèrement bien sûr, mais pour que l'histoire paraisse vraie. Ma mère le regarda, vit sa jambe, et reposa son regard sur moi.
« Allez, reste jouer ici, mais vous ne vous éloignez pas de la maison ! »
Un petit sourire s'afficha sur mes lèvres. Un mélange de remerciement et de victoire, celle d'avoir le dernier mot. Mais j'étais conscient que sans mon frère et ma sœur, tout ce que je vivais n'aurait pas été possible. Je commençai donc à jouer avec eux, en espérant que cette situation durera toujours.
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♠ CHAPITRE DEUX ♠
Parce que Poudlard c'est bien, mais ça change tellement.
Je le voyais, au loin, le grand château qui se présentait à moi. Sur la barque, avec mon frère à côté, j'étais tout excité à l'idée de pouvoir enfin vivre dans un monde de sorcier. J'avais lu tellement de choses sur cette école, mes parents nous en avaient tellement parlé, que c'était presque devenu un rêve d'y aller enfin. Tout m'émerveillait. Autant l'immense lac, que l'arbre qui bougeait tout seul, ou bien les lumières qui rendait le château encore plus magnifique que dans les livres que j'avais pu voir. Les portes s'ouvraient devant nous, et ces murs, tous immenses.. Et les tableaux qui nous saluaient à notre passage, qui discutaient entre eux, qui buvaient un coup. J'étais bluffé, et tous ceux autour de moi aussi apparemment. Nous marchions, en direction de la Grande Salle, où devait se préparer la répartition. Je savais déjà où je voulais aller, et où je ne voulais pas aller, mais j'étais le seul à le savoir. Comment dire à mes parents, qui ont été à Gryffondor et Serdaigle, ou au reste de la famille qui a suivi à peu près le même parcours, que la maison où je me sentirai le mieux serait Serpentard ? Surtout comment le dire à mon cher frère, qui pendant tout le voyage me parlait de la grandeur des fondateurs, mais pas de Serpentard ? Ce fut qu'au moment où l'on monta les escaliers, que tout le monde craignait pour leur façon de bouger, que Tobias me demanda :
« Et frérot, tu penses aller où toi alors ? A Gryffondor ? »
« Je.. On verra, je sais pas.. »
Mon cher jumeau me regarda bizarrement, puis revint à la contemplation du décor. Il a probablement dû trouver ma réponse trop hésitante, moi qui savait toujours ce que je voulais. Et là je le savais, mes idées se sont encore plus confirmées en entrant dans la Grande Salle. Tous les autres étudiants étaient déjà installés à leur table respective, leur couleur au-dessus. Rouge, bleu, jaune, mais le vert m'attirait fortement. Ils avaient l'air robustes, fiers, et décidés à avoir les meilleurs élèves. J'avais plus qu'à espérer que le Choipeau me trouve assez noble pour y aller.
La directrice fit un peitt discours avant d'envoyer tout le monde s'asseoir sur le tabouret, un par un. J'eus une petite boule au ventre quand Tobias fut appelé. A peine le choipeau posé sur sa tête, le mot Poufsouffle retentit, suivi d'applaudissement. Il me fit un petit clin d'œil en passant à côté de moi, avant que je sois appelé à mon tour.
Je m'approchai du choipeau, m'asseyant sur le tabouret. J'aurais imaginé une sensation en l'ayant sur ma tête, mais cela faisait en fait le même effet que d'avoir un chapeau normal. Il hésita, beaucoup plus rapidement que pour mon frère.
« Etonnant.. Oui, très étonnant pour un Gray.. Serpentard ! »
Le soulagement. Les verts et argent se levèrent pour m'accueillir, tandis que je croisai le regard de mon frère, étonné, et encore, le mot était faible. J'haussai les épaules, ne faisant apparaître un énorme sourire sur mes lèvres uniquement quand je fus hors de sa vue. Il pensait que nous n'étions séparés que par des maisons, que ce n'était pas bien grave. Mais au final, la séparation fut plus longue et douloureuse qu'on l'aurait imaginé.
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♠ CHAPITRE TROIS♠
Le sang pur dominera, les autres s'écraseront
Une belle journée ensoleillée se présentait à Poudlard, comme elles l’étaient généralement à cette belle période de l’année. Le mois de juin, le mois où il faisait beau, mais où justement ce temps ne donnait pas envie de travailler, dans une période où l’on avait généralement beaucoup d’examens. C’était la fin de la neuvième année pour moi, déjà neuf ans que je fréquentais Poudlard ! Les années passaient, et j’étais plutôt partagé entre lassitude et attachement aux petites habitudes. Je commençais à être pressé d’enfin m’engager dans la vie active, de prendre mon envol au lieu d’être tout le temps enfermé entre les grilles de l’école, en ayant l’impression d’être en première année. Mais en même temps, la vie extérieure peut faire un peu peur, alors que je me plais quand même bien dans cette école. Je connaissais tout le monde, et surtout tout le monde me connaissait. Je savais qui étaient les gens à qui l’ont pouvait faire confiance, et les autres. Entre autres, qui étaient les sang purs, et ceux qui ne l’étaient pas. J’avais beau entendre que personne ne pouvait être totalement de sang pur, c’était juste une excuse pour ceux qui avaient un peu de moldu en eux. Pour moi, on peut être totalement pur, et c’est mon cas.
Il faut dire qu’avec les années, mon mépris pour les sangs de bourbes est devenu de plus en plus intense. D’où cela venait-il ? Pas de mon éducation, ni de mes fréquentations, car j’étais plutôt celui qui influençait les autres. Peut-être de mon enfance, j’ai probablement été un peu dégoûté de la vie en communauté avec les moldus, et cela s’est poursuivi à Poudlard. Ces enfants qui arrivaient en ayant lu ce qu’était la magie dans des livres, sans savoir à quoi ça ressemble dans la réalité, ça me répugnait. Mais bien sûr, je me cachai de dire ça à qui que ce soit. Non, je ne voulais pas qu’on me prenne pour un partisan du Seigneur des Ténèbres, qui bien que vaincu, reste le plus grand sorcier de tous les temps. Aurais-je quand même un penchant pour ce côté obscur ? Assez oui, mais imaginez ce que j’aurais à subir si tout le monde à Poudlard viendrait à savoir cette nouvelle. Je préférais pour l’instant ne pas dévoiler mes idées, et attendre de partir pour faire quelque chose. Je voulais faire de grandes choses, quelque soit où j’étais. Mon rêve depuis quelques temps est d’intégrer le Ministère de la Magie à un haut poste, et je sais que j’en suis capable, mais pas si l’on sait que la magie noire m’attire énormément, et pas pour la combattre.
En ce beau jour de juin, j’étais posé dans le grand parc, accompagné d’amis Serpentards, ceux qui arrivaient vraiment à me comprendre. Nous ne parlions pas de Mangemorts, non, ce genre de sujet était tabou. Nous préparions plutôt des plans pour embêter les moldus, ou les Gryffondors. Nous étions encore de grands enfants dans cette école, il n’y avait aucun doute ! Assis dans le parc, nous contemplions aussi les jolies filles, qui, à mon plus grand plaisir, tournaient parfois le regard vers moi. Je n’étais pas le plus gentil des garçons, certes, mais apparemment certaines filles étaient attirées par mon genre, peut-être qu’elles voulaient un peu essayer le danger, d’avoir une relation sans lendemain avec un Serpentard, et je devais avouer que ça m’amusait aussi.
Ce qui m’amusait moins ce genre de journée, c’est de voir mon frère et ma sœur, fréquenter des gens que je n’appréciais vraiment pas. Non qu’ils ne soient pas sympathiques, je n’en avais strictement aucune idée pour tout vous dire. Mais en voyant Tobias main dans la main avec une sang-mêlé, et surtout Calypso se faire draguer par un sang de bourbe, cela me mettait hors de moi. Mais même mes amis les plus proches n’en avaient aucune idée, même s’ils se doutaient que je n’appréciais pas trop ce genre de chose. Comment aurais-je pu avouer que je m’éloigner de plus en plus de mon frère et de ma sœur à cause de leur fréquentation assez douteuse, à cause d’un sang pas assez pur pour moi ? Je préférais donc garder ça pour moi, et éviter le plus possible du regard ces personnes qui étaient de ma famille, mais que je sentais à présent plus comme des inconnus. D’ailleurs, les rares fois où je les croise, j’avais le droit à des remarques, comme quoi j’avais changé. Je restai impassible à ce genre de pics, comme toujours. Je n’étais pas quelqu’un que l’on vexait facilement, au contraire. Je restais de marbre, me permettait de riposter comme il se doit, mais sans pour autant me sentir offensé.
Ma vie étai devenue ainsi. Emric, Serpentard, sang pur, fier de l’être.